Le Comité économique et social européen (CESE) vient d’adopter l’avis exploratoire « Assurer pour tous un équilibre entre vie professionnelle et vie privée fondé sur les besoins : comment des conditions de travail flexibles adéquates peuvent soutenir la solidarité intergénérationnelle et l’autonomisation des femmes », commandé par la présidence hongroise de l’Union européenne (UE).

L’objectif était d’analyser en Europe les politiques en faveur de l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée eu égard à l’évolution démographique, aux nouvelles formes de travail, aux formules souples de travail, type temps partiel et télétravail, et aux exigences croissantes en matière de soins. En perspective, la révision en 2027 de la directive de 2019 Equilibre entre vie professionnelle et vie privée des parents et aidants.

L’UNSA a participé au groupe de travail sur cet avis et partage les constats et préconisations du CESEuropéen.

Déséquilibres dus à l’évolution démographique et la persistance des inégalités entre les femmes et les hommes

Le CESE constate que la directive de 2019 et sa transposition en droit national dans tous les Etats membres a amélioré la situation. Elle reconnaît que le besoin d’adapter sa vie professionnelle à sa vie personnelle peut survenir à tout moment de la vie professionnelle et apporte des droits : congé de paternité individuel non transférable, congé parental rémunéré, mise en œuvre d’un congé pour les aidants, possibilité d’accéder à une formule souple de travail ouverte aux aidants… Cependant, il reste encore à faire, notamment pour une rémunération adéquate du congé parental et pour renforcer les dispositions pour les aidants.

Par ailleurs, les inégalités entre hommes et femmes sont persistantes. En dépit de certains progrès, les femmes continuent d’assumer la plupart des activités de soins non rémunérées, ce qui contribue à la « féminisation de la pauvreté ». Souvent en effet, les femmes quittent leur emploi ou réduisent leur temps de travail pour s’occuper d’un parent ou de leurs enfants. Le déroulement de leur carrière en est affecté, comme leur sécurité financière.

D’autre part, les changements démographiques entraînent une évolution des besoins dans le domaine des soins. Ils exercent une forte pression sur nos systèmes de soins, mais aussi sur les travailleurs et leurs familles. En France, le nombre de personnes âgées de 85 ans et plus augmentera de 58 % et les plus de 65 ans seront plus nombreux que les moins de 15 ans dès la prochaine décennie.

Soutenir l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle

Le CESE propose une approche par les besoins, qui permette de concilier ceux des travailleurs et ceux des entreprises. Une approche qui prenne en compte les circonstances, les responsabilités familiales, l’état de santé, ainsi que les objectifs de bien-être et de développement professionnel sans que cela s’oppose à la productivité et à la compétitivité des entreprises. Le soutien apporté à l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle doit être apprécié comme un investissement au bénéfice de la société et de l’économie et non comme un coût.

En perspective de la révision de la directive de 2019, le CESE invite l’Europe à se doter d’objectifs chiffrés et d’indicateurs traçables en matière de soins, notamment de longue durée, à l’image des objectifs de Barcelone pour l’éducation et l’accueil de la petite enfance.

Tout en respectant les compétences nationales et les différences culturelles, le CESE souligne la nécessité de politiques et d’initiatives à l’échelle de l’UE qui favorisent l’accès à des soins de qualité abordables au profit des familles, mais aussi des travailleurs, des entreprises et des pouvoirs publics.

Les partenaires sociaux, comme plusieurs organisations de la société civile, ont convenu que le dialogue social est essentiel pour instaurer des méthodes et mesures adaptées à un équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Ils revendiquent un statut juridique pour les aidants informels et des conditions de travail décentes dans le secteur des soins.

Enfin, le CESE regrette que les formules souples de travail ne soit pas évaluées dans le cadre du réexamen de la directive. Il recommande une étude distincte sur ce sujet, notamment pour prévenir la santé et la sécurité de ces travailleurs, davantage soumis à l’épuisement, avec une charge mentale accrue, facteurs de déclassement et de pauvreté.

Lire l’avis du CESEuropéen Directive Equilibre entre vie professionnelle et vie privée des parents et aidants, 2019

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