En France, les accords bénéficient à TOUS les salariés*.
C’est une bonne nouvelle pour les 63% de salariés qui, lors de l’enquête Technologia, se sont estimés insuffisamment rémunérés.
Une partie d’entre eux, « majorité silencieuse », doit cependant être consciente que c’est la mobilisation sous toutes ses formes (mouvement social, actions auprès des politiques…) qui débouche sur des avancées, et que celles-ci sont d’autant plus importantes le mouvement est puissant.
Il ne suffit pas d’attendre « des autres » qu’ils s’investissent dans les mobilisations : lorsque nous vous demandons de nous soutenir et de montrer votre solidarité avec un mouvement, ce n’est pas pour faire grève ni pour le (supposé) plaisir de « brûler des pneus » (ou, pour faire encore plus caricatural, des merguez avec un « kit de rouge »**) …
C’est parce que le modèle syndical français nécessite, pour instaurer un vrai dialogue social, que les Organisations syndicales, quelles qu’elles soient, soient réellement représentatives des salariés.
Les Organisations syndicales sont là pour négocier les accords qui bénéficient à tous les salariés et, si ces salariés ne sont pas présents pour peser du bon côté de la table, la Direction utilise la faiblesse des mouvements pour justifier de positions virulentes :
- « vous êtes des enfants gâtés »
- « si vous n’êtes pas contents, vous n’avez qu’à aller voir ailleurs »
- « ce n’est pas parce qu’on réunit quarante personnes dans une salle à Saclay qu’on mobilise les salariés » (accompagné d’un grand éclat de rire).
Soyons clairs : il est assez énervant de croiser des hauts responsables qui ont violemment « cassé du sucre » sur le dos des grévistes et des syndicats mais qui se réjouissent aujourd’hui de profiter de ce qu’ils ont obtenu.
*dans d’autres pays européens, les accords peuvent dans certains cas bénéficier uniquement aux salariés appartenant à un syndicat signataire
**de la grenadine, bien sûr… à consommer avec modération
La faiblesse des mobilisations : une véritable bombe à retardement
Aujourd’hui, ce qui fait pression sur la Direction, ce n’est même plus les salariés en place, mais l’effondrement de notre attractivité, c’est-à-dire les salariés qui ne s’intéressent plus au CEA et n’envisagent pas d’y être embauchés.
Est-ce une bonne nouvelle ?
Non ! Ni pour nous, ni pour la Direction, car c’est notre organisme et, in fine, la pérennité de nos emplois qui est menacée. Jamais nous ne nous réjouirons des difficultés de notre organisme qui se répercutent toujours, sous une forme ou une autre, dans notre vie professionnelle quotidienne.
La Direction a tiré les conséquences de la situation et a revalorisé les salaires d’embauche (pour répondre à la pression qu’elle avait de ce côté), en « omettant » de revaloriser ceux du personnel en place, lorsque celui-ci ne se mobilise pas suffisamment.
Elle commence à « lâcher du lest » lorsqu’une partie d’entre nous, excédée par la situation, s’organise enfin pour revendiquer ; à quand une mobilisation véritablement large qui nous permettra d’obtenir la juste reconnaissance de notre engagement et, au-delà, de préserver le fonctionnement de notre organisme ?
Enfants gâtés ? Vraiment ?
Comment peut-on dire cela lorsque la « meilleure proposition » de la direction va se traduire par une baisse de pouvoir d’achat de 3 % ?
L’assouplissement du cadrage en RMPP qui s’applique au CEA (3,1%, puisque 1,9% ont déjà été consommé par les augmentations individuelles 2022) ne couvre pas l’inflation de cette année, d’autant qu’une partie était attribuée pour faire face à celle de l’an dernier.
Cette proposition sanctionne même, en euros constants, une baisse de salaire générale de l’ordre de 3 % à fin juillet, mouvement qui va encore s’amplifier sur le second semestre. Le CEA a implicitement acté ce constat car dans le budget prévisionnel plusieurs points sont dans l’incertitude car liés aux coûts des énergies et des cours mondiaux des matières premières.
Ce recul du pouvoir d’achat, par ailleurs général à l’ensemble des salariés de contrat privé, n’est pas une « vue de l’esprit » portée par des syndicalistes en mal d’effet de manche : c’est une analyse partagée par des organismes gouvernementaux tels que la DARES1.
Celle-ci note, dans son rapport que, « L’indice du salaire mensuel de base (SMB) de l’ensemble des salariés progresse de 1,0 % au cours du 2e trimestre 2022 (tableau 2).
Sur un an, il augmente de 3,0 % après + 2,3 % le trimestre précédent. Ces évolutions [NDLR : des salaires du privé] doivent être mises en regard de l’inflation : les prix à la consommation (pour l’ensemble des ménages et hors tabac) augmentent de 6,0 % entre fin juin 2021 et fin juin 2022. Sur un an et en euros constants, le SHBOE diminue donc de 2,5 % et le SMB2 de 3,0 %. ».
On nous énonce donc, sans sourciller, la nouvelle réalité : perte de pouvoir d’achat de 3%
Aujourd’hui, nous considérons ne pas avoir obtenu satisfaction en termes de reconnaissance du cahier revendicatif sur les rémunérations. Ce que la Direction nous demande de négocier fin août, c’est juste une mesure limitant l’impact de l’envolée des prix.
Pire : la Direction attend de nous que nous prenions la responsabilité de répartir la perte de pouvoir d’achat ! Cela relève d’un certain culot de sa part.
1 La Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) est la direction du ministère du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion qui produit des analyses, des études et des statistiques sur les thèmes du travail, de l’emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social.