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Juillet 2022 

DES : L’argent ne fait pas le bonheur

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par Sabine Lasou (lecture)

Une direction dont le financement est indexé sur le nucléaire

S’il est bien une direction du CEA qui n’a pas de problème d’argent, c’est la DES.

En réalité, la DES ne parvient même pas à consommer ses budgets et a dû « rendre » 77 millions d’euros consacrés au démantèlement et qu’elle n’a pas su utiliser en 2021 faute de compétences.

Traditionnellement, et contrairement à leurs collègues de la DRT ou de la DRF, les salariés de la DES n’ont pas à courir après leurs financements.

Ils se contentent d’adresser une demande à leur direction d’objectif interne (« DOB ») qui accorde les financements. Habituellement, la DOB « rabote » un peu la proposition (que le salarié avait pris soin de surévaluer légèrement), mais accorde l’essentiel.

Ce petit jeu, tout juste biaisé par le département d’origine du chef de projet qui tient les cordons de la bourse, bien rôdé et fonctionne assez tranquillement.

nuage de mots salaires

Le changement, c’est pas maintenant

La réorganisation de 2020 (création de la DES) paraissait remettre en cause ce système, particulièrement peu exigeant par rapport à celui des partenariats industriels et particulièrement léger par rapport aux dossiers de financement par guichets.

A l’époque en effet, il était prévu que les unités de la nouvelle DES trouvent une part (20%) de leur budget auprès de nouveaux partenaires industriels pour pallier la baisse des budgets accordés par les acteurs traditionnels du nucléaire.

La suite des confinements que nous avons connus a empêché la pleine mise en œuvre de cette évolution qui aurait rapproché le fonctionnement de la DES de celui de la DRT.

Tout change pour que rien ne change

La réorganisation de la DEN et la création de la DES avait été décidée dans un contexte de méfiance vis-à-vis du nucléaire civil ; à l’époque, la réorientation de la direction et la baisse souhaitée de son activité nucléaire semblaient en phase avec la volonté politique de baisser rapidement la part de cette énergie.

Ces changements, inédits au CEA, avaient suscité l’interrogation, et même l’inquiétude des équipes particulièrement investies qui s’inquiétaient du devenir de leur activité, souvent très liée au nucléaire.

Un revirement politique (et une hausse du pétrole) plus tard, le contexte a fortement évolué, et l’enjeu actuel semble plus porter sur notre capacité à assurer la production d’énergie décarbonée.

La question immédiate parait être d’assurer le fonctionnement de nos installations existantes, de permettre leur prolongation et d’en construire de nouvelles, EPR et SMR (Small Modular Reactor). A plus long terme, il s’agira d’étudier des solutions viables pour une 4eme génération.

Quo Vadis* ?

Pourtant, le discours ne parait pas avoir varié au sein de la DES : les SMR ne mobilisent qu’une poignée de salariés au CEA (27 équivalents temps plein), la génération 4 est au point mort et la « métallurgie de grand-papa » ne semble plus faire recette.

On en oublierait presque qu’une trentaine de réacteurs de puissance sont actuellement à l’arrêt, un nombre significatif l’étant pour de « vulgaires » problèmes de corrosion sous contrainte.

Nos prédécesseurs étaient sans doute très forts, puisqu’ils avaient su construire un réacteur de recherche (Osiris) en trois ans.

Même si le contexte règlementaire était alors plus simple, nous avons surtout l’impression que les contraintes de nos aïeuls, uniquement dictées par la mécanique, étaient moins corrosives que celles découlant des problèmes de gestion de sous-traitance et de plafond d’emploi.

La gestion de réseaux énergétiques intelligents et l’intégration des différentes sources d’énergie semble désormais avoir la priorité sur la nécessité d’en assurer la production. Sans contester l’intérêt de ces techniques visibles et prometteuses, il nous semble qu’un prérequis pour être efficace dans la distribution de l’électricité est d’avoir su la produire.

Peut-être est-il temps de remettre l’église au centre du village.

*où vas-tu ?