Si le taux d’illettrisme des personnes âgées de 18 à 64 ans est passé de 7% en 2011 à 4% en 2022, ce qui est encourageant, il reste cependant environ 1,4 million de personnes illettrées, notamment dans le monde du travail.

S’appuyant sur les résultats de l’enquête INSEE « Formation tout au long de la vie » parue en avril 2024, l’Observatoire de l’illettrisme et de l’illectronisme a publié en septembre 2024 une analyse plus fine issue du module “Compétences”.

L’analyse nous enseigne que les difficultés dans les domaines de l’écrit se combinent avec d’autres comme l’illectronisme et la numératie.

Or, dans un monde en transformation, ces personnes sont doublement fragilisées. Non seulement elles sont confrontées à des changements rapides dans le monde du travail mais elles ne peuvent pas non plus accéder à des dispositifs pour sécuriser leur parcours tant personnel que professionnel.

L’intérêt des travaux réalisés par l’Observatoire est qu’ils permettent de mieux « profiler » les situations et ainsi mieux cibler les actions qui répondent aux problématiques rencontrées.

En effet, les enseignements de cette première étude montrent que 10,5 % des 18-64 ans sont en difficultés avec les compétences de base (lecture, écriture et calcul), ce qui représente 3,7 millions de personnes. Parmi eux, 26 % cumulent des lacunes en littératie et en numératie.

Agir au bon endroit

Pour autant 55% sont en emploi, 13% sont demandeurs d’emploi et 32% sont inactifs. Par ailleurs, plus de 30% d’entre eux ne réalisent aucune démarche en ligne.
Alors que toutes les démarches administratives (accéder à la formation, postuler à une offre d’emploi…) sont devenues l’unique moyen pour faire valoir ses droits, il y a un besoin urgent de continuer à agir pour éviter le risque d’exclusion sociale et d’isolement.

Contrairement à certaines idées reçues, ce ne sont pas les populations qui vivent dans des quartiers soutenus par la politique de la ville (QPV) qui sont les plus impactées. Près de 86% des personnes en très grandes difficultés sont hors QPV dont 1/3 résident dans les territoires ruraux.

Soutenir les dispositifs

Face à ces constats, l’UNSA partage avec l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme (ANLCI) la nécessité d’agir collectivement pour répondre aux défis de demain. Les territoires, les entreprises, les partenaires sociaux, les branches et l’École sont des acteurs incontournables. Pour autant, s’il s’agit bien pour l’exécutif d’opérer des choix politiques et notamment budgétaires, l’UNSA demande que les fonds dédiés au Plan d’investissement dans les compétences (PIC) soient renforcés. La lutte contre l’illettrisme et l’illectronisme appelle des investissements sur du long terme.

À ce titre, l’UNSA sera particulièrement vigilante lors de l’examen du Projet de loi de finances (PLF) sur les crédits alloués aux dispositifs de formation et particulièrement à ceux qui participent à lutter contre l’illettrisme et l’illectronisme. Parce que les progrès réalisés sont le fruit d’actions menées en bonne intelligence entre partenaires engagés sur le sujet, il serait dommageable, et en premier lieu pour les personnes en difficulté, de baisser la garde au prétexte d’économies budgétaires.