La Direction Générale du Travail vient de publier le bilan de la négociation annuelle 2023, année marquée par une mobilisation contre par la réforme des retraites et la poursuite de l’inflation.
Sans surprise, la question du pouvoir d’achat est donc au cœur des préoccupations des salariés comme des négociateurs avec l’épargne salariale qui reste le thème le plus abordé, suivi par la question des salaires. Au-delà d’un bilan qui fait état d’un nombre d’accords signés, l’UNSA réaffirme que le quantitatif doit rimer avec le qualitatif et que la volonté de tous les acteurs est essentielle. Elle réitère aussi sa revendication de moyens suffisants pour construire un dialogue social efficace au service des salariés.

Dans les branches

Pour s’adapter au contexte inflationniste avec deux revalorisations du SMIC dans l’année 2023, 520 avenants sur les salaires ont été signés.
Il faut cependant noter qu’au 1er janvier 2023, 3 millions de salariés (17,3%), dont une majorité de femmes, ont été concernés par la revalorisation du SMIC contre 14,5% en 2022. Cela démontre que la négociation s’est souvent limitée à une simple mise en conformité, entrainant encore un tassement des grilles des salaires qui laisse des salariés au SMIC pendant de nombreuses années. L’éventail total moyen des salaires se resserre significativement, à 2,49 en 2023 contre 2,68 en 2022. Quant aux classifications, qui ont un impact sur les grilles de salaires et l’égalité salariale entre les femmes et les hommes, seules 35% des branches les ont revues au cours des 5 dernières années (46% ne les ont pas revues depuis 10 ans et 13% depuis 20 ans).

Les partenaires sociaux ont aussi négocié 335 avenants sur l’égalité professionnelle femmes-hommes (399 en 2022) dont 11 traitant exclusivement de ce thème et 165 avenants relatifs aux primes (244 en 2022). Suivent la protection sociale complémentaire : 102 avenants et la formation professionnelle : 94 avenants.


Dans les entreprises

Là encore, la question du pouvoir d’achat est centrale. L’épargne salariale représente plus de 40% des accords signés et 21% des accords traitent des salaires et primes encouragés par la loi sur le pouvoir d’achat de 2022 (prime de partage de la valeur).
Le thème du temps de travail représente quant à lui 21% des accords, le droit syndical et IRP 12% et l’égalité professionnelle 7%.

Année de renouvellement des instances de représentation du personnel, 10 000 accords CSE et droit syndical ont été conclus. La création d’une nouvelle consultation du CSE suite à la directive CSRD et qui prévoit la publication d’informations en matière de durabilité par les entreprises peut avoir aussi eu un effet.

L’UNSA, lors des Assises du travail ou de la conférence sociale en 2023 a renouvelé ses propositions pour améliorer les salaires tout au long de la carrière : la suppression des exonérations de cotisations sociales au-dessus de 2,5 SMIC, la conditionnalité des aides aux entreprises, la révision de l’index égalité professionnelle femmes-hommes, l’obligation de réviser les classifications, un mécanisme d’ajustement des plus bas niveaux de rémunération…).

De plus, l’UNSA persiste à demander que les ordonnances « Travail » qui conduisent à la dégradation du dialogue social soient revues. En effet, le nombre d’accords ne peut pas être le seul indicateur de la vitalité du dialogue social, encore faut-il qu’il rime avec qualité.

Retrouver le bilan 2023 de la négociation collective.

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