Le « bleu » Travail et emploi du projet de loi de finances (PLF) 2025 présente les budgets consacrés aux politiques publiques pour l’emploi, la formation professionnelle et le travail.
Les crédits de la mission Travail et emploi du PLF 2025 semblent épargnés dans le contexte actuel de coupes budgétaires. Mais l’UNSA demeure en alerte face à une tendance de fond. Elle vise à la suppression des dispositifs considérés comme mal ciblés ou à la réduction des moyens humains pour accompagner les personnes les plus éloignées de l’emploi et les demandeurs d’emploi de manière générale.
Ce budget 2025 rabaisse en réalité les politiques publiques de l’emploi, de la formation professionnelle et du travail. Et ce de deux manières : soit par le renouvellement de certains dispositifs à budget constant sans prendre en compte l’inflation, soit par une baisse budgétaire sèche.
En effet, le PLF 2024 actait la création de 300 emplois supplémentaires pour prendre en charge l’accompagnement des allocataires du RSA qui devront obligatoirement être inscrits au 1er janvier prochain à France Travail. Or, le bleu 2025 annonce la suppression de 500 postes sous prétexte d’une baisse du chômage en 2024 et une compression du budget de France Travail de 588 millions d’euros.
Outre le fait que le taux de chômage pourrait augmenter jusqu’à 8% en 2025 selon l’OFCE, l’UNSA s’inquiète de la part élevée de la subvention de l’Unédic dans le budget de France Travail. Déjà à hauteur de 70% l’année dernière, elle augmente encore en 2025. Pour l’UNSA, ce n’est pas acceptable car les recettes de l’Unédic doivent servir prioritairement à couvrir le risque du chômage qui est basé sur un système assurantiel avec le versement de cotisations.
De plus, le suivi des bénéficiaires du RSA, annoncé comme faisant partie des missions de France travail, sera en fait décentralisé via une contractualisation avec les départements. Bien qu’ils soient qualifiés pour accompagner ce public, la faiblesse de l’enveloppe budgétaire allouée (162 millions d’euros) pour cette tâche supplémentaire constitue pour l’UNSA un risque accru d’inégalités sur le territoire.
En outre, les emplois francs sont supprimés au motif d’effets d’aubaine trop importants sans aucun transfert de crédits sur d’autres dispositifs d’insertion à l’emploi.
Des coupes budgétaires à la marge pour l’apprentissage sans régler la question des effets d’aubaine
Après un soutien effréné à l’apprentissage pour atteindre l’objectif du million d’apprentis à coups d’aides indifférenciées, le gouvernement réduit maintenant le dispositif avec un objectif d’une baisse de près de 50 000 contrats par rapport à 2024. De plus, l’enveloppe budgétaire globale pour 2025 serait de 3,5 milliards d’euros, soit une diminution d’1,2 milliard. L’une des mesures envisagées pour y parvenir est la baisse de l’aide à l’embauche des apprentis de 6000 à 4500 euros pour toutes les entreprises.
Pour l’UNSA, cette proposition est pernicieuse car elle fragilise encore plus les petites et moyennes entreprises et les apprentis préparant des diplômes de niveau inférieur ou égal au baccalauréat. L’UNSA préconise un recentrage du contrat d’apprentissage comme outil de formation tel qu’il a été défini dans la loi de 2018, à savoir un dispositif destiné en priorité aux personnes préparant des diplômes de niveau inférieur ou égal au baccalauréat.
Par ailleurs, la subvention à France compétences pour le financement non seulement de l’apprentissage mais aussi du CPF serait de 2 milliards d’euros soit une baisse de 500 millions par rapport à 2024. Cette diminution du budget de France compétences implique l’abaissement du niveau de prise en charge (NPEC) des contrats d’apprentissage. Il devra donc être compensé de manière sectorielle par les branches. L’UNSA s’inquiète des conséquences pour les apprentissages du fait de coûts fixes élevés.
Un service public de l’emploi affaibli mettant en péril l’accompagnement des personnes
La réforme de France Travail avait pour objectif la création d’un guichet unique pour tous les publics. Après l’inscription obligatoire des allocataires du RSA, le bleu budgétaire annonce qu’il en sera de même pour les contrats d’engagements jeunes (CEJ) et les parcours contractualisés d’accompagnement vers l’emploi et l’autonomie (PACEA). La liste des prérogatives des missions locales s’en trouve donc élargie avec de surcroit la mise en œuvre de l’obligation de formation de 16 à 18 ans et leur structuration en réseau. Cependant, alors qu’aucune augmentation des effectifs n’est prévue, un effet de trésorerie entrainera même une restriction de leur budget de 140 millions d’euros !
S’ajoute à cela une suppression de 500 équivalents temps pleins (ETP) pour France Travail avec une coupe budgétaire de plusieurs millions d’euros.
L’UNSA tire la sonnette d’alarme : cette mise sous pression du service public de l’emploi et de ses agents ne peut que fragiliser l’accompagnement des personnes.
Une réduction des contrats aidés à déplorer
La baisse continue des contrats aidés (CIE, PEC ) poursuit son cours pour 2025 avec le financement respectif de 128 et 50 000 nouvelles entrées. De plus, l’UNSA s’inquiète de la mise en réserve de précaution de près de 50% du budget des PEC, qui relève d’une économie drastique qui ne dit pas son nom. Enfin, les emplois francs sont totalement supprimés pour cause d’effets d’aubaine trop importants.
L’UNSA s’oppose à cette coupe généralisée des aides pour les plus éloignés de l’emploi. En effet, sortir de l’exclusion nécessite un investissement constant et sur le long-terme qui ne peut être soumis à des ajustements conjoncturels. Les nécessaires évaluations et ajustements pour accompagner le public cible ne doivent pas se traduire par une baisse pérenne des aides.
Un maintien du Plan d’investissement dans les compétences (PIC) dans une logique adéquationniste
Dans une perspective adéquationniste de formation des demandeurs d’emploi aux métiers recrutant sur le marché du travail, l’Etat maintient son engagement en accord avec le cycle de financement 2024-2027. Sa dotation s’élève à 669 millions d’euros dont 370 millions pour le Plan régional d’investissement dans les compétences (PRIC). De plus, un apport supplémentaire d’1,1 milliard d’euros provient de France compétences.
CIE : Contrat initiative emploi, secteur marchand.
PEC : Parcours emploi-compétences, secteur non-marchand.
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