NewsLetter
Avril 2024
Qui se soucie encore du CEA, à part ses salariés ?
Le 2 avril 2024, la Direction nous a fait parvenir la version 8 de l’agenda social ! 8 versions en 3 mois, avec, à chaque fois, des réunions supprimées ! Et comme effet papillon, de nombreuses annulations de missions, transports, hôtels… bref, du temps perdu et comme le temps c’est de l’argent…
Les réunions annulées ?
- Les créneaux pris pour les négociations salariales. La seule réunion qui s’est tenue le 26 mars a été obtenue à la suite d’un dépôt de préavis de grève d’une majorité d’organisations syndicales.
- Les créneaux pour la négociation de la modernisation sociale: le fameux projet SMS (Stratégie de Modernisation Sociale) annoncé depuis deux ans.
- Un Comité National, laissant plus de 2 mois sans date, entre fin février et fin mai. Les élus ont dû demander la programmation d’une séance extraordinaire pour traiter un sujet urgent.
- Un CCAS, comité de pilotage des activités sociales, lui aussi disparu entre deux versions.
Toutes ces annulations laissent un sentiment étrange.
Nous savons bien que nos augmentations de salaires ne sont pas décidées au niveau du CEA. La Direction nous le rappelle à chaque réunion et nous en faisons les frais depuis 2010 !
Nous voyons aussi que la volonté de moderniser notre organisation du travail ne dépendra pas de la Direction puisque le chantier ouvert aux discussions en 2021, n’a pas accouché d’une seule idée de changement, y compris pour celles n’ayant aucun coût … faute de moyens financiers, ou de volonté ?
Le Conseil de Politique Nucléaire de juillet 2023, nous avait pourtant redonné espoir.
Après de longues années de disette, le CEA était enfin reconnu et se voyait confier « un rôle central dans l’animation et le pilotage de la recherche… dans ce domaine d’excellence pour couvrir l’ensemble des sujets nécessaires à la prolongation du parc en garantissant un haut niveau de sûreté de leur exploitation, à la maitrise du cycle du combustible, à la construction de nouvelles centrales ».
Tout cela crée une dissonance cognitive !
L’attractivité de l’organisme et la fidélisation des salariés, permettant de maintenir les compétences et la qualité de la recherche, exigent aujourd’hui 2 éléments essentiels : une rémunération au bon niveau et de bonnes conditions de travail. Avec une grille des salaires bloquée depuis 14 ans et des accords sur l’organisation du travail qui ont 20 ans, le CEA n’est pas au rendez-vous.
La motivation intrinsèque (celle qui vient de l’intérieur de chacun) a besoin d’un bon terreau : un salaire au bon niveau, de vraies perspectives d’évolution et des conditions de travail satisfaisantes en font partie. Est-ce que la fête du sport organisée le 21 juin sur Saclay est suffisante pour afficher une bonne QVCT ? Est-ce que la mise en place d’un parcours santé sur Cadarache est suffisante pour afficher une bonne QVCT ?
Soyons clairs, ces initiatives sont bonnes, mais l’UNSA SPAEN se doit de rappeler que la QVCT c’est d’abord et avant tout lié au travail. Il serait illusoire de croire que pour obtenir un salarié heureux, il suffise de le transformer en joggeur !
Avec 200 démissions en 2022 sur 20 000 salariés (les chiffres de 2023 ne sont pas encore connus), la Direction n’est pas inquiète sous prétexte que la moyenne nationale est au-dessus !!!
Autre perspective : 200 démissions, 1000 recrutements. Nous, nous sommes inquiets parce que cela n’arrivait pas avant ! Nous sommes inquiets aussi, parce que le CEA recrute des débutants et libère des experts dans des domaines où l’expertise se construit sur le long terme : nous ne fabriquons pas des pots de yaourts !
La recherche attire normalement des passionnés qui ne démissionnent pas. Si tel est leur choix, c’est qu’on a failli quelque part. Éviter l’amplification du phénomène passe nécessairement par une introspection sans concession. Il est toujours difficile de se regarder droit dans une glace, cela demande un certain courage, mais il faut le faire.
Se dédouaner du problème en pratiquant la politique de l’autruche, en invoquant, entre autres, des aspirations générationnelles différentes comme une fatalité est une faute grave, parce que les conséquences néfastes porteront leurs fruits dans une période où l’on nous demandera de donner le meilleur de nous-mêmes…
Mais finalement, qui se soucie du CEA à part ses salariés ?