Votre rémunération
RMPP on vous explique
La RMPP c’est quoi ce truc barbare ?
Au CEA, on en entend parler à l’occasion des augmentations de salaires, qu’elles soient individuelles ou plus récemment collectives avec l’artifice de l’Augmentation Générale Pérenne.
RMPP cela veut dire Rémunération Moyenne des Personnels en Place. Elle prend en compte le salaire de base mais également les primes qui ne sont pas liées au poste de travail.
La fameuse RMPP permet de calculer l’évolution moyenne en euros constants de la rémunération des salariés présents deux années de suite.
Ainsi les nouveaux embauchés, ainsi que les sortants en cours de période ne pas pris en compte dans le calcul.
Les calculs « en moyenne » permettent de masquer de grandes disparités grâce au « lissage » du calcul. Ceux qui ont de belles progressions de carrière sont “masqués” par ceux qui n’en ont pas, puisque tout le monde doit rentrer dans la “boite”.
Le cadrage de la RMPP, c’est ce que les tutelles (les ministères dont dépend le CEA), autorisent comme progression d’une année sur l’autre.
Pour que nos campagnes d’avancement se déroulent correctement en respectant nos accords, qui ont 20 ans d’âge au passage, il faudrait que la RMPP autorisée soit de 2,05 ou 2,1%.
Malheureusement, depuis de nombreuses années, la RMPP autorisée n’est que de 1,9 % ce qui fait forcément de nombreux perdants !
Et les perdants ce sont souvent les cadres des catégories 2 et 3 à qui on annonce qu’ils n’ont pas pu être avancés cette année en raison d’une “contrainte de catégorie” !
Mais aussi les salariés non cadre pour qui les avancements sont insuffisants.
1 minute pour comprendre mon salaire mensuel
Dans le salaire mensuel, c’est comme dans toutes les recettes de pizza, on trouve plusieurs ingrédients. Au CEA, c’est pizza tomate mozzarella pour tout le monde ! Et ensuite en fonction de votre situation, on peut ajouter des ingrédients…
La recette est différente si vous êtes cadre (Annexe 1 ou A1) ou non cadre (Annexe 2 ou A2)
Tout d’abord la pâte : c’est le salaire de base qui se calcule en fonction de votre coefficient exprimé en nombre de points. Au CEA la valeur du point, qui n’a pas changé depuis 12 ans. Le point vaut 5,5531 € pour les A2 et les A1 catégories 1 et 2.
Et le point vaut 5,2364 € pour les A1 catégorie 3.
Ensuite la sauce tomate : là il y en a 2 différentes.
Une sauce tomate pour les A1 (PSC, Prime Spéciale Cadre, 8.5 % du salaire de base)
Une sauce tomate pour les A1 A2 (PSNC, Prime Spéciale Non Cadre, 9.5 % du salaire de base). Historiquement, ces primes sont venues remplacer le 13ème mois il y a de nombreuses années.
On continue avec la mozzarella : plus vous êtes ancien, plus vous en avez ! C’est la prime individuelle pour les A1 et la prime d’ancienneté pour les A2. Dans les 2 cas, elle est plafonnée à 21 % du salaire de base mais les règles de progression sont un peu différentes.
En fonction de votre poste, vous pouvez avoir un peu de jambon, de champignons ou d’oignons : ce sont les primes de poste liées à la pénibilité. Les primes de poste concernent principalement les A2. Pour certains il y a aussi les permanences ou les astreintes.
Si vous avez des enfants, on peut vous ajouter quelques olives, c’est le sur-salaire à partir du premier enfant.
Enfin depuis 2022 on a ajouté du surimi sur les pizzas. Je sais vous allez me dire que c’est n’importe quoi ! Et vous avez raison. le surimi c’est la fameuse AGP, Augmentation Générale Pérenne. Mise en place en 2022 et réévaluée en 2023 pour compenser l’inflation. Le surimi ça ressemble à du poisson et ça n’en est pas. L’AGP ça ressemble à du salaire de base et ça n’en est pas…
En 2024, on reprendrait bien autre chose que de la garniture !
La théorie des grilles
Non ce n’est pas une nouvelle théorie mathématique !
Au CEA les salaires doivent rentrer dans les grilles qui sont disponibles dans la convention de travail. 2 grilles avec des règles différentes pour chacune. Voyons la théorie :
une grille pour les salariés non cadres, les annexe 2, A2
une grille pour les salariés cadres, les annexe 1, A1
Dans les 2 cas, on va trouver 7 niveaux qui correspondent à une progression dans l’expérience professionnelle, les connaissances, l’autonomie, les responsabilités… Pour passer au niveau supérieur, il faut un minimum de points spécifique à chaque niveau.
Jusque là c’est facile parce qu’en théorie tout est facile !
A chaque avancement, notre coefficient augmente d’un nombre de points qui dépend : de la grille (A1 ou A2) et du niveau. On peut avoir un avancement médian (la plus grosse partie des avancements de l’année) mais aussi un mini (un demi avancement) ou un maxi (un avancement et demi).
Ca se complique un peu, mais globalement on s’y retrouve
Vient ensuite la fréquence des avancements !
Pour les A2 c’est théoriquement 1 tous les 2 ans.
Pour les A1 plus vous montez dans les catégories, moins vous avancez rapidement. Pour les niveaux E1 à E3, c’est théoriquement 1 tous les 2 ans. Pour les niveaux supérieurs vous pouvez être amené à passer votre tour et avoir un avancement à 3 ans voire même à 4 ans..
La suite de l’histoire, c’est la pratique…
Les grilles : la pratique
Vous connaissez le petit grain de sable dans la chaussure ? eh bien nous y sommes… Ce sont les avancements …
3 problèmes majeurs : les valeurs des avancements des Annexes 2, la RMPP insuffisante et les plafonds de grille.
Ce qui est dénoncé depuis plusieurs années : les avancements de nos collègues Annexe 2 qui sont bien trop faibles ! Par exemple une secrétaire niveau 4 qui a un avancement médian, augmente de 11 points, ce qui représente 61 € brut ! tous les 2 ans…
Parmi ceux qui “trinquent” sur les avancements on trouve les salariés Annexe 1, catégories 2 et 3. Comme la RMPP n’est pas suffisante, il y a moins de salariés de ces catégories qui sont avancés que ce qui est prévu par le texte de consensus de 2003. Ce sont les fameuses contraintes de catégories.
Mais ne nous leurrons pas, dans la pratique on voit aussi des salariés qui avancent tous les ans, plusieurs année de suite, forcément au détriment des collègues…
Cerise sur le gâteau : les plafonds de grille ! Certains passages de niveaux sont plus difficile à obtenir car ils sont contingentés (nombre maximum de salariés chaque année) par exemple les niveaux E5 et E7 pour les cadres.
Si votre chef décide de ne jamais vous passer E5, un jour vous serez limité à 816 points, le plafond du niveau E4. Cela veut donc dire carrière ralentie pour ne pas arriver trop vite au plafond et surtout qu’un jour vous n’aurez plus aucune possibilité d’être avancé ! Même chose sur les lignes E6 Avec un plafond à 1027.7 points. Il existe également quelques filières Annexe 2 qui ont des plafonds.
On estime à plus de 1000 le nombre de salariés bloqués par les plafonds… parfois plus de 10 ans avant la retraite…et ce sont souvent de très bons scientifiques qui ont fait de belles carrières, arrêtées brutalement.
Et le phénomène va s’accentuer ! En 2021, l’employeur a fait une DUE (décision Unilatérale de l’Employeur) pour revaloriser les salaires d’embauche. Passons sur le fait que cela a “légèrement” crispé les salariés en place.
Si le salaire d’embauche est plus haut, ces salariés arriveront plus vite au plafond. Mais chut c’est un secret !