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Avril 2024 

Le sacerdoce des salariés séniors 

Avec la réforme des retraites effective depuis le 1er septembre 2023 et l’allongement des carrières qui s’annonce, j’ai eu l’occasion de discuter avec plusieurs salariés de plus de 57 ans… Inquiets.

  • Inquiets pour leur santé
  • Inquiets pour leur vie professionnelle
  • Inquiets pour leur carrière

Je vous livre ici quelques réalités quotidiennes qu’ils rencontrent :

  • Fatigue et santé

Témoignage : « je vais avoir 59 ans, la majorité des gens avec lesquels je travaille sont plus jeunes que moi, et je mesure la différence : je monte les escaliers moins vite qu’eux, je marche moins vite qu’eux, je tape moins vite au clavier, je réfléchis moins vite, j’ai parfois des petits trous de mémoire qu’ils n’ont pas, je fatigue plus vite. »

  • Expérience professionnelle

Témoignage : « De par mon âge, j’apporte une expérience que les autres n’ont pas : oui et non. Oui, car je connais l’entreprise depuis longtemps, j’ai plein de contacts et je connais les rouages. Oui, car mes nombreuses expériences me permettent d’avoir une expertise reconnue. Et non, concernant l’aspect technologique : pour ma part je travaille dans un service hyper technique (le numérique) où les changements annuels sont légions. J’ai du mal à suivre sur ce point. »

 

  • Avancement professionnel

Témoignage : « J’ai 57 ans je suis en bout de ligne. Il me reste encore 7 ans à travailler et je sais que je n’aurai plus aucun avancement. Ça me démotive complètement. »

  • Isolement professionnel :

Témoignage : « Je me sens en décalage par rapport aux jeunes dans mon unité. Nos manières de travailler sont différentes, nos discussions aussi. Du coup, je ne vais pas déjeuner avec le reste de l’équipe pour retrouver mes anciens collègues avec qui j’ai des affinités. Mon chef me l’a reproché pendant mon entretien annuel alors qu’il n’a rien à me reprocher sur la qualité de mon travail. »

  • Temps partiel

Témoignage : « Je songe à me mettre en 4/5ème pour la première fois de ma vie car je ne sais pas trop comment je vais tenir jusqu’à l’âge de 63 ans et demi à ce rythme (merci la réforme des retraites). Tant pis, si je gagne moins d’argent mais j’aspire à ne plus faire des heures sup à gogo non payées à mon âge : donc une journée « off » me permettrait de me reposer un peu. »

 

Quand j’étais enfant, on appelait séniors, les personnes de plus de 60 ans qui étaient déjà à la retraite. Maintenant on est sénior à 45 ans encore en pleine activité. Un glissement sémantique qui signifie que le sommet de la carrière ne se situe plus à la fin de la vie professionnelle mais au milieu.

Si l’on rajoute à cela l’emplafonnement des fins de lignes de la grille des salaires parfois plus de 10 ans avant le départ à la retraite… la cinquantaine laisse un goût amer.

Les salariés seniors, massivement bloqués en fin de grille (qu’ils soient A1 ou A2) perdent leur motivation au-delà de quelques années. Pire : ces salariés, qui pourraient être les leaders techniques de notre organisme, sont bloqués d’autant plus jeunes qu’ils ont été performants et atteignent les plafonds rapidement.

Un tel système, que n’auraient pas renié les Shadocks, constitue une véritable machine à perdre.