NewsLetter 

schéma mixons nos énergies

Octobre 2022 

En quête de sens…

Vous avez une chance incroyable, celle de travailler au CEA… là où se fait l’ordinateur quantique !

Cet ordinateur quantique m’a toujours laissée dubitative…non pas en tant que tel, travailler sur l’ordinateur quantique pourquoi pas, mais il ne donne pas un sens à mon travail…Au mieux, il me donne la satisfaction de travailler dans un organisme prestigieux, encore faut-il que cette satisfaction s’accompagne du sentiment d’être reconnue professionnellement et au niveau du salaire ce qui est un autre sujet !

En général, on admet que trouver du sens au travail signifie exercer une activité compatible avec ses valeurs personnelles, dans le but de s’épanouir professionnellement ce qui est extrêmement subjectif. Chacun y met ce qu’il veut et nous ne cherchons pas tous les mêmes choses. Cela vient aussi du fait que le mot « sens » peut désigner à la fois la direction, la raison (le bon sens, le sens commun), la finalité (le sens de la vie), la sensation (avec les 5 sens) ou même la signification (le sens propre, le sens figuré).

Derrière toutes ces considérations, c’est l’utilité sociale et la valeur travail dans son ensemble qui se cachent. Avoir un travail qui a du sens, c’est avant tout savoir pourquoi on le fait, quelle est sa finalité sur le court et le long terme au niveau de l’entreprise et au niveau individuel. Un salarié qui a perdu de vue l’utilité de son travail sera un salarié malheureux, dont l’absentéisme et le désengagement peuvent coûter cher à l’entreprise.

Pour mon fils qui est plombier chauffagiste, le sens de son travail sera de faire en sorte que le client qui l’a appelé pour une réparation ou une installation soit satisfait : que sa soudure ait permis de réparer la fuite, que la nouvelle chaudière soit mise en service pour le weekend pour ne pas laisser le client dans le froid …

Pour revenir au contexte du CEA on peut considérer que l’un des aspects du sens du travail d’un Chef d’INB sera que son installation soit en état de fonctionnement dans le respect des règles de sécurité et de sûreté. Pour un chercheur venant faire une expérience dans cette même INB, le sens du travail est lié à la capacité à réaliser son expérience (matériel prêt à fonctionner, …). Il arrive parfois que ces 2 visions du sens ne soient pas compatibles.

Que signifie exactement un travail qui a du sens ?

La notion de sens au travail, qui ne doit pas être confondue avec celles de bonheur et de bien-être, recouvre trois grandes dimensions.

  • Une dimension émotionnelle : le fait de ressentir au travail davantage d’affects positifs que négatifs.
  • Une dimension cognitive ensuite : la satisfaction procurée par le contenu des missions, le développement des compétences et l’impact des actions.
  • Une dimension aspirationnelle enfin : le sentiment de contribuer et d’adhérer à un projet global d’entreprise.

En fonction de son activité, chacun ne va pas y mettre les mêmes ingrédients. Quand l’équation n’est pas au rendez-vous, on finit par tourner en rond et perdre le sens de son travail. Ces trois conditions ne peuvent pas être toujours entièrement satisfaites, mais l’absence totale de l’une d’entre elles accentue le sentiment de mal être.

Tout cela rejoint aussi l’idée de bien faire son travail et pour bien le faire il faut en avoir les moyens : matériels, financiers, humains…

Les absurdités du boulot

Encore faut-il le faire de manière intelligente et le CEA n’échappe pas à quelques travers du monde de l’entreprise. Que dire :

  • de l’empilement des procédures au fil des ans qui ont fini par prendre le pas sur le bon sens jusqu’à en devenir absurde ?
  • du métier de chercheur qui s’est transformé en rédacteur de dossiers de financement ?
  • des réunions qui durent des heures et qui ne servent à rien ?
  • du petit chef qui va pinailler sous des faux prétextes ?

Trouver du sens à son métier, cela suppose de sentir l’impact extérieur de celui-ci. Les seules performances économiques et financières ne suffisent plus à faire sens. Les entreprises — et notamment les grandes entreprises — sont confrontées à des problèmes d’attractivité, et de fidélisation. LE CEA n’y échappe pas ! Pour pallier au manque d’attractivité, la Direction a revalorisé les salaires d’embauches en 2021. A l’heure où les démissions s’accélèrent, il faut être lucide, ce n’est pas qu’une question de salaires ! Les salariés sont désormais à la recherche d’autre chose : des tâches qui aient du sens et un vrai impact, des perspectives de carrière, un management différent et un meilleur équilibre des temps de vie. La QVT Qualité de vie AU travail est dépassée. Les salariés recherchent la qualité de vie DANS le travail.

Pour Catherine Vasey, psychologue, « le principe de base c’est de ne pas se focaliser sur ce qui est stressant, usant mais sur la façon dont on peut prendre soin de soi ». S’interroger sur ce qui nous motive dans le travail, ce qui apporte de la satisfaction sont autant de questions à se poser pour trouver un juste équilibre entre les tâches « ressourçantes » et d’autres plus « usantes »

Et si on ré-humanisait le travail ?

Ré humaniser le travail, c’est redonner du poids au collectif. Avec le télétravail, on nous vend de la présence sur site. On peut être tous présents sur site, chacun dans son bureau, c’est d’ailleurs ce qui se passe dans de nombreuses unités. Ce n’est pas ça le collectif ! Le collectif, c’est la coopération, c’est le partage… Un collectif qui fonctionne permet de mieux traiter les problématiques de charge de travail et les tensions dans les équipes y compris en télétravail.

L’absence de stratégie à long terme, impossible quand on est dans la course aux financements, pousse à demander toujours plus aux salariés, en particulier au détriment de leurs vies personnelles, tout en attendant d’eux qu’ils restent engagés. Les salariés ne veulent plus être considérés comme des « ressources humaines », ce qui les réduit à une charge, un coût, du temps… Il faut lever le nez du guidon, le rapport avec le travail a évolué. Nos vies ont changé dans la seconde partie du 20ème siècle, les relations sociales, la famille, l’amitié… tout a évolué sauf le travail ! On travaille encore comme au temps de nos grands-parents juste avec des nouveaux mots pour faire « start-up » !

Aujourd’hui, le fait de s’investir dans le travail est un choix, tout comme celui de privilégier son équilibre personnel. Le travail n’a plus un rôle central.

Les avantages sociaux ne sont plus perçus comme suffisants. Si votre travail n’a plus de sens, avoir des RTT n’en donnera pas plus.

Les salariés (quel que soit leur âge) veulent avant tout une bonne qualité de vie dans le travail, un climat interne sain, une vie personnelle valorisée et réellement prise en compte, ainsi qu’un management différent (bienveillant et basé sur la confiance). En plus de la possibilité d’évoluer et d’apprendre. Ces attentes à ne pas négliger car elles sont devenues incontournables.