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Juillet 2022 

La stratégie du CEA : science ou « pompe à finance » ?

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 » Comme un avion sans aile… « 

« De la recherche à l’industrie » … pour l’UNSA SPAEN, cette expression ne devrait pas se limiter à un simple slogan, mais devrait, au contraire, être remise au cœur du projet des activités de notre organisme.

Le CEA et ses salariés travaillent et participent à la bonne mise en œuvre de la dissuasion, de la politique énergétique, des transferts technologiques au profit de l’économie, et de la recherche scientifique.

nuage de mots salaires

Ces missions, dont l’actualité récente a cruellement souligné l’importance en termes d’indépendance militaire et énergétique, devraient permettre au CEA de s’intégrer à des stratégies scientifiques et techniques à long terme associées aux financements correspondants.

Pourtant, les salariés du civil (notamment ceux de la DRF et de la DRT) s’épuisent aujourd’hui dans une recherche de financements à court terme difficilement compatibles avec le rôle traditionnel de notre organisme.

La DES, quant à elle, bénéficie du renouveau du nucléaire qui lui permet encore d’échapper à la pleine mise en œuvre du projet de réorganisation de 2020 dont un objectif était de trouver une partie de son financement chez des « clients industriels hors grands comptes de l’énergie ». Pour autant, la DES doit gérer les changements successifs de positionnement des autorités politiques ; elle a largement démantelé sa recherche de base au cours de la dernière décennie, hypothéquant les perspectives d’innovation de rupture en accompagnement du nucléaire.

En somme, dans tous nos domaines, dans toutes nos thématiques, nous souffrons aujourd’hui d’une absence de stratégie pérenne de la part de nos tutelles. Non seulement celles-ci paraissent promptes à délaisser les thématiques de recherche traditionnelles au profit d’autres plus « en visibilité », mais elles répugnent de plus en plus à accorder des crédits récurrents et préfèrent des financements par « plans » (PIA1, PIA2 … France 2030 …) qui interdisent l’élaboration de projets de long terme.

La DAM, dont l’activité est au cœur de la dissuasion « assurance-vie de la nation », ne souffre pas a priori de ce manque de stratégie sur ses programmes, mais l’absence de reconnaissance des salariés et le recours grandissant à la sous-traitance sont des indicateurs d’un risque de dérive en termes de fonctionnement.

« Cet obscur ennemi qui nous ronge le coeur »1

Nos cœurs de métiers ont été dénaturés par l’omniprésence de la recherche de financement qui vampirise le temps et l’énergie des scientifiques, oriente leurs activités vers des stratégies de court/moyen terme, empêche l’élaboration d’une véritable politique à moyen/long terme, et commence déjà, dans certains domaines, à faire évoluer l’emploi vers des contrats correspondant aux durées de financement.

Cette réalité se décline de plusieurs manières différentes selon les directions : ainsi, le modèle économique de la DRT exige la recherche de clients et le montage de « projets à la chaine » et celui de la DRF contraint nos collègues à passer la plus grande partie de leur temps à répondre à des appels à projets.

Que faire ?

Les analyses que nous vous proposons confortent et soulignent le bienfondé des propositions de l’UNSA SPAEN sur la fongibilité des budgets, c’est-à-dire la réorientation vers l’emploi interne d’une partie du budget aujourd’hui utilisée pour financer la sous-traitance de métiers pérennes, notamment dans l’ingénierie.

Ces analyses nous poussent, surtout, à revendiquer une véritable réflexion sur l’élaboration d’une stratégie ainsi que l’augmentation des financements récurrents de nos unités afin de leur permettre d’accomplir leur mission, laquelle consiste à produire des résultats scientifiques ou techniques et non à « passer leur temps à remplir des dossiers de financement pour trouver 30 000 euros ».

L’UNSA SPAEN, syndicat autonome, ne promeut pas d’idéologie mais uniquement les intérêts des salariés, qui passent par le bon fonctionnement de notre organisme et le bon accomplissement de ses missions.

Aujourd’hui, nous faisons part de nos inquiétudes face à l’évolution d’un CEA qui peine à recruter et à conserver les talents nécessaires à sa crédibilité en raison d’une politique salariale inadaptée, mais aussi d’une dénaturation de nos cœurs de métiers tels que l’ingénierie, trop souvent sous-traitée, et de la recherche, de plus en plus corsetée par des financements à court terme.

Ce sont des propositions que nous portons, non seulement auprès de la Direction générale, mais surtout, auprès des autorités politiques, qui définissent les « cadrages » qui nous contraignent. C’est ce que l’UNSA SPAEN s’applique à faire, au Sénat, auprès des parlementaires, et en multipliant les interventions pour faire connaitre, nos métiers nos engagements et nos réalités.

1 Cf Baudelaire